Par la voie du Styx

Perséphone, comme tous le savent,

Avait gagné de haute lutte

Le droit de quitter l'Enfer six mois par an.

Mais Hadès lui imposait des restrictions.

Elle ne pouvait partir que par voie fluviale,

Car le Styx relie toutes les villes d'eau,

Prioritairement celles actives dans la finance.

Et Cerbère devait l'accompagner en permanence.

Pour ne pas choquer les mortels avec ses trois gueules,

Des accommodements étaient indispensables.

Cerbère prenait la forme de deux molosses,

Les tatouages rituels de la déesse étaient dissimulés,

Et les cheveux de feu devenaient simplement roux.

Oui, Perséphone était à Genève un 20 septembre

Nous l'avons vue au bord du lac Léman.

Elle regardait le lac,

Et son sourire était triste.

Elle pensait au monde que demain elle perdrait.

Mais elle était heureuse d'être libre,

Et elle savourait chaque instant.

Elle savait qu'elle reviendrait avec le printemps.

Le chant de l'espoir

Le mythe d'Orphée et d'Eurydice

S'inscrit dans le temps, comme un refrain

Qui se répète, inlassablement,

D'âge en âge, de siècle en siècle.

Les prénoms changent, mais l'histoire reste la même :

L'amour, la perte, le désespoir,

Et puis, l'espoir, toujours l'espoir.

Guido, troubadour et artiste dans la Suisse de 2023,

A perdu sa muse Loretta, sa bien-aimée. Désespéré il est, mais ne se rend pas.

Il sait que l'amour est plus fort que la mort,

Et il est prêt à tout pour la retrouver.

Perséphone, épouse contrainte d’Hadès,

A pitié de lui.

Elle lui donne une chance.

En lui ouvrant une des portes de l'enfer,

Pour une poignée de secondes seulement.

Guido doit se précipiter

Il prend une profonde inspiration,

Et se lance dans l'obscurité.

Il chante, et son chant est si beau,

Que les portes de l'enfer s'ouvrent plus grand.

Guido court,

Et voici que Loretta est déjà juste derrière lui.

Il est presque arrivé, il peut y arriver.

Mais alors, il entend une voix.

"Guido, ne regarde pas en arrière !"

Il est pris de panique…